Imaginez une famille — un père, une mère, un fils, une fille et l’Oncle Michel — qui serait condamnée à vivre le même dîner en boucle et cela pour l’éternité. Imaginez les discussions — forcément banales — et les mets plastiques — forcément fades — de ce repas infernal. Imaginez une télévision, centrale, et les émissions qu’elle diffuserait – Plus belle la vie, Des chiffres et des lettres… – tous les soirs à cette même heure qui voit toutes les familles françaises ainsi s’attabler. Imaginez enfin le décor, factice – le canevas de chasse, le papier peint vert d’eau… – qui servirait d’écrin à cette farce grinçante.

Pourtant cette rythmique aliénante, véritable ritournelle implacable, va peu à peu se gripper. La suite, on ne peut pas la dire. Ce serait gâcher votre plaisir. Une énergie dévastatrice assortie d’un plaisir du jeu décuplé à chaque réplique : « Ce n’est pas difficile d’être comédien, lancera l’un d’eux, il suffit de savoir les phrases, et de les dire dans le bon ordre. »

Ce repas de famille déjanté, dadaïste, imaginé par Nicole Genovese et son acolyte Claude Vanessa est succulent et affolant de bout en bout.

ASSOCIATION CLAUDE VANESSA. Mise en scène Claude Vanessa. Avec André Antébi, Sébastien Chassagne, Nicole Genovese, Nathalie Pagnac, Bruno Roubicek et Adrienne Winling. Coordination technique Ludovic Heime. Régie Julie Lorant. Auxiliaire de vie Renaud Boutin. Dessins (sur scène) Bruno Roubicek.

Production Claude Vanessa. Coproductions Le Carré-Colonnes-Scène cosmopolitaine de Saint-Médard-en-Jalles (Blanquefort), Euroculture en pays Gentiane. Soutiens DRAC Ile-de-France, Mairie de Paris, Maison des Métallos (Paris), Studios Virecourt (Paris), La Loge (Paris), Théâtre de Vanves-Scène conventionnée pour la danse et Spedidam.

Crédit photo : Charlotte Fabre.